S’arrêter, prendre le temps, observer ces objets que l’on connait déjà pourtant, en explorer les beautés, les textures, les imperfections, s’en émouvoir, s’émerveiller.
Voilà ce que mon travail cherche à susciter. Reprendre le pouvoir sur le temps, réapprécier le réel, dans ses nuances, dans ses complexités, s’affranchir du tic tac qui nous enjoint à courir sans cesse. Derrière des écrans, derrière des opinions trop tranchées, derrières des chimères de perfection. Marquer une pause, suspendre le cours de son temps, et regarder, vraiment, ce qu’une infinité de détails, de lumière, de contrastes et d’estompes peut produire de vivant.
Le rapport à la matière et au temps sont les deux artères de mon travail. Les dessins de la collection Terre Rouge en sont une ode. La singularité des textures est une inspiration sans fin. On y trouve, lorsque l’on veut bien s’y pencher, des mondes d’étonnement, de surprenants reliefs, d’exquises complexités. Inépuisable source de méditation. Prendre le temps d’observer, de penser, ne sont ils pas devenus essentiels quand tout va trop vite ?
Ainsi, lorsque l’on observe mon travail de loin, l’on peut y voir un tout, saisir une intention, appréhender le style photographique. Pourtant lorsque l’on s’en rapproche, on peut déceler l’infinité de détails et de nuances que composent ce tout. Comme un pas de côté, un changement de perspective. Cet ensemble raconte toute la complexité de l’objet et par ce même biais, offre une réalité magnifiée par le travail de la matière.
Après plusieurs années de résidence en Afrique subsaharienne, j’ai souhaité mettre en valeur des attributs du quotidien et des moments intenses de mes excursions. Mettre à l’honneur cette Terre qui m’a accueillie et qui vibre en moi à présent. Cette Collection Terre Rouge a débuté naturellement par l’oeuvre éponyme, représentant une carte de l’Afrique, dépouillée de ses frontières humaines, symbole de paix et d’avenir. La suite de la collection s’attarde sur des objets iconiques ou des sensations furtives de ce continent majestueux et fier. Jusqu’aux masques ethniques ivoiriens, qui disent d’un regard ce que mille mots ne sauraient exprimer.
J’ai par le passé exploré de nombreux thèmes, en m’attardant sur la pierre et les matières végétales, réalisant une collection hommage à Toulouse exposée dans la ville rose, et oeuvrant pour l’essentiel sur commandes. Ma carrière artistique n’est pas le fruit d’un parcours académique habituel, et mes expériences passées dans l’univers du luxe, notamment pour CHANEL, m’ont offert un regard et une confiance qui enrichissent aujourd’hui mon approche.
Je m’appelle Capucine Minot. J’ai 35 ans. Je suis mariée et mère de trois enfants. Nous sommes installés à Abidjan depuis huit ans et j’y exerce le métier d’artiste-dessinatrice.